mardi 27 février 2018

le 28 février 1868 : Qui sont mes ancêtres ?

Comme le suggère la généalogiste Sophie BOUDAREL dans l'un des thèmes du Généathème de février, je vous propose de remonter le temps et de nous arrêter il y a 150 ans : 


A cette date :
Qui étaient mes ancêtres ? Combien d'entre eux ont vécu ce jour là ? Où ? Comment ?
Je vais donc vous présenter mes ancêtres, du plus jeune au plus âgé, dans leur foyer, leur contexte de vie, un peu comme je l'avais fait dans mon billet sur le recensement de l'année 1911 que je vous invite à lire ou à relire.

Avant de nommer ces ancêtres du 28 février 1868, voici quelques données géographiques, quantitatives et statistiques.


En 1868, mes ancêtres vivent sur deux départements : la Vendée et les Deux-Sèvres, l'ancienne province du Bas-Poitou avant la création des départements.

Voici maintenant les données statistiques :




aperçu visuel de mon ascendance de la 4e à la 8ème génération,
encadrés en rouge les ascendants vivants le 28 février 1868

Après ces quelques graphiques, je vous emmène donc chez mes ancêtres.  Par commune, puis par foyer (les ancêtres directs sont en gras), tel que l'on aurait pu les rencontrer ce 28 février 1868 :

Branche paternelle - département de la Vendée :

NOTRE DAME DE RIEZ

Port-Neuf :

. DUPOND Alexandre 26 ans journalier, BURGAUD Marie-Rose sa femme 24 ans
  • Marie-Rose est enceinte de plus de six mois et accouchera le 17 avril suivant, son premier enfant est décédé à quelques mois en 1866. Le couple est locataire dans le village qui se situe près du marais de Notre Dame de Riez.

Les Garateries :

. MILCENT Marie 49 ans journalière, MILCENDEAU Jean son mari (en secondes noces) 58 ans.
  • Marie vit alors chez son second mari, qu'elle a épousé en juin 1862. Elle est la mère de DUPOND Alexandre ci dessus. Ses filles les plus jeunes, Aimée 17 ans et Marie-Rose 13 ans sont placées comme servante.

Le Creux Jaune :

. BIRON Jean-Louis 41 ans journalier, MASSONNEAU Marie sa femme 34 ans, Hortense 10 ans, Eglantine 8 ans, Angèle 3 ans, ses filles.
  • Marie est enceinte de quelques semaines puisqu'elle accouchera en septembre suivant. La fille aînée du couple, Marie âgée de près de 13 ans, est déjà placée comme domestique depuis ses 10 ans.Le couple vit dans la bourrine de la famille MASSONNEAU construite il y a plus de 25 ans par les parents MASSONNEAU. Depuis les parents MASSONNEAU sont décédés et Marie fut leur seule héritière étant fille unique.

COMMEQUIERS

La Tonnelle :

. PATEAU Louise veuve RAFFIN 71 ans journalière, Esther 46 ans couturière sa fille.
. RAFFIN Joseph 30 ans journalier-maçon, GUERINEAU Marie sa femme 29 ans, 
Marie 4 ans, Joséphine 2 ans, Joseph 1 an, ses enfants.
  • La Tonnelle est la maison familiale depuis plusieurs générations, et elle le restera encore pour un siècle.

CHALLANS

Les Chênes, métairie du Caillou Blanc :

. PONTOIZEAU Louis 58 ans cultivateur-colon, JOLLY Marie sa femme (en troisièmes noces) 56 ans, Baptiste 36 ans son fils, MARTINEAU Rose 36 ans sa bru, Louis 10 ans, Augustin 7 ans, Marie 5 ans, Jean 2 ans, ses petits enfants, Henriette 25 ans sa fille, PEROCHEAU Jean 25 ans son gendre et beau fils, Marie 2 ans 1/2 sa petite fille.
  • La famille PONTOIZEAU vit en communauté suivant une société agricole créée devant notaire le 1er janvier 1864 après la 3ème union du patriarche et exploite les terres de la métairie du Caillou Blanc. Avant la création de cette société, la famille exploitait déjà la métairie depuis 1859. Rose est quant à elle enceinte de plus de 7 mois de son 5ème enfant puisqu'elle accouchera le 5 avril suivant.

ST MAIXENT SUR VIE

Le Rochat :

. BURGAUD Pierre 69 ans journalier, DELAVAUD Rose sa femme 46 ans.
  • Le couple vit en location dans une grande métairie, peu de temps avant et quelques mois plus tard, ils vivaient et vivront toujours en location dans la ferme voisine du Greffier où Pierre va mourir en 1873.


Branche maternelle - département de la Vendée :

BENET

Nessier :

. POUVREAU François 57 ans journalier, François 27 ans tisserand son fils.
  • Père et fils vivent dans la maison familiale dont le père est usufruitier depuis son veuvage en 1863. En effet, la maison est un héritage de sa défunte épouse HILLAIRET Françoise.

Le Pré Paradis :
(maison)

. GIRARDEAU Jacques 43 ans cultivateur, Françoise 16 ans, Marie 12 ans, Alphonse 10 ans, Alexandre 4 ans, ses enfants.
  • Jacques vit avec ses enfants dans la maison que lui et sa défunte femme, REGNIER Louise, décédée depuis 1864, avaient fait bâtir en 1858. Jacques est usufruitier de ladite maison de part la minorité de ses enfants.

Gorge Bataille :

. GIRARDEAU René 72 ans cultivateur, VEILLET Jeanne sa femme 71 ans.
  • Le couple vit depuis leur mariage en 1821 dans le village natal de Jeanne, plus précisément à la Loge, sa maison natale. Quelques années plus tard, après une donation-partage, ils iront finir leurs jours chez leur fille dans le village voisin d'Aziré, qui est aussi le village natal de René !

ST SIGISMOND

Le Bourg :

. MARTIN Alexandre 26 ans journalier, JOURNOLLEAU Marie sa femme 28 ans,
Alexandre 3 ans son fils.
  • La famille vit en location dans une maison du bourg. Peut-être ont-ils déjà en tête l'idée de l'achat d'un terrain près de l'Autise pour y construire leur maison, chose faite en 1870 !

DAMVIX

Les Cabanes :

. BOUCHET Henri 28 ans cultivateur, CAQUINEAU Alexandrine sa femme 23 ans.
. BOUCHET Louis 72 ans cultivateur, METAYER Louise sa femme 61 ans.
  • Les 2 générations vivent dans une maison sur le bord de la Sèvre, construite en 1855. La maison appartient en propre à Louise, 10 ans plus tard, elle la donnera à son fils Henri. Alexandrine est enceinte d'environ 7 mois de son deuxième enfant, sa première fille n'a vécu que quelques heures en août 1866.

LIEZ

Le Bourg - Rue Basse :

. GAUTRON Jeanne veuve MITTARD 72 ans journalière.
  • Jeanne vit dans sa maison d'une rente viagère qu'elle reçoit de ses enfants suite à la donation de tous ses biens en 1865. 
Le Courtiou :

. CADET Louise veuve LARIGNON 66 ans propriétaire, Henri 39 ans, Jacques 23 ans marchands de chevaux, ses fils.
. LARIGNON Pierre 35 ans marchand de chevaux, Marie Madeleine sa femme 32 ans,
Marie 10 ans, Henri 9 ans, Auguste 7 ans, Eléonore 5 ans,  Alexandrine 1 an, ses enfants.
  • La famille LARIGNON vit de l'élevage et du commerce de chevaux depuis plusieurs générations, au fil des générations cette activité s'est étendue sur plusieurs communes. Ils vivent dans une maison que Louise a hérité de son père, CADET Pierre en 1865.

ST PIERRE LE VIEUX

La Porte de l'Ile :

. MACAUD Jeanne 59 ans journalière, GRELIER Pierre son mari (en secondes noces) 65 ans tisserand.
  • Marié depuis mai 1865, le couple vit en location dans une maison qu'ils vont acquérir par la suite et qu'ils vendront en 1889 avant d'aller vivre chez la fille de Pierre sur la commune de Damvix, et d'y mourir quelques mois plus tard.

STE CHRISTINE

La Garenne :

. GUILLOT Françoise veuve JOURNOLLEAU 55 ans journalière, 
Pierre 21 ans, Clémentine 15 ans, ses enfants.
  • La famille vit dans la maison familiale construite il y a plus de 20 ans par le grand père JOURNOLLEAU, dans le nouveau village de la Garenne sur des parcelles autrefois nommées le fief du bois du Breuil. Françoise en est usufruitière. Pierre, suite à la nouvelle loi sur le service militaire, la loi Neil, signée le 1er février, va partir pour une période de 5 ans, il participera à la campagne contre la Prusse du 16 septembre 1870 au 7 mars 1871. Dès le mariage de Pierre en 1873, Françoise quittera la maison, redevient domestique et se remarie avec son patron ! 

MERVENT

La Jamonière :

. BOUTIN Joseph 63 ans propriétaire, Baptiste 30 ans carrier son fils, BICHAUD Rosalie 26 ans sa bru, Eugénie 1 an ½  sa petite fille, BOUTIN Henri son domestique (son neveu).
  • La famille BOUTIN vit dans la maison familiale dont Joseph est usufruitier comme veuf de ALLARD Marie, héritière de ladite maison. Joseph est membre du conseil municipal depuis 1840 !
. ROYER Jean 35 ans propriétaire, BOUTIN Henriette sa femme 29 ans, 
Léontine 2 ans sa fille.
  • Henriette est enceinte de quelques semaines puisqu'elle donnera naissance à une petite fille en août. Le jeune couple vit dans la maison que Jean vient de faire bâtir sur un terrain reçu lors du partage des biens de sa mère en avril 1863.

La Maisonnette :
(borderie)

. ROYER Louis 65 ans cultivateur, DESPRE Marie sa femme (en secondes noces) 59 ans, 
Antoine 26 ans, Louis 22 ans, Rosalie 19 ans, ses enfants.
  • Les deux fils vont se marier dans l'année, en août et novembre. La Maisonnette est une borderie que la famille loue et exploite depuis une petite vingtaine d'années, ils la quitteront vers 1870 après le mariage de Rosalie, sans doute trop grande pour un couple âgée. Louis est membre du conseil municipal depuis août 1852.
La Chopinière :

. ROYER Antoine 86 ans propriétaire, GUILLOTEAU Marie sa femme (en troisièmes noces) 71 ans.
  • Le couple vit dans la maison qui est une copropriété du père et de son fils unique Louis. Le couple y vit depuis une quinzaine d'années. Antoine est le doyen de mes ancêtres cette année là, il sera aussi le doyen de mes ancêtres masculins.

SIMON LA VINEUSE

La Vineuse :

. MAJOU Pierre 44 ans ouvrier-maçon, GARNIER Rose sa femme 44 ans, 
Ernestine 12 ans, Henri 7 ans, Louis 4 ans, ses enfants.
  • La famille MAJOU vit dans la maison que Rose a hérité de ses parents, qu'ils avaient acquis en 1843 et voisine de sa maison natale. Malheureusement l'année suivante, le décès de cette dernière va changer la vie de la famille...

LA REORTHE

La Forêt :

. HILLEAU Marie veuve MAJOU 66 ans rentière.
  • Marie vit d'une rente viagère que ses enfants lui versent suite au partage de ses biens en 1861. Elle a gardé l'usufruit de sa maison qu'elle avait hérité de ses parents.

Branche maternelle - département des Deux-Sèvres :

NIORT

Rue St Maixent :

. MARTIN Abraham 59 ans journalier.
  • Abraham, resté veuf après le décès de son épouse en 1847, et après avoir été métayer, il est devenu journalier et vit en location dans le centre de Niort, dans une petite rue donnant sur la place de la Brêche et proche de l'église St Hilaire.

ST LIGUAIRE

La Tiffardière - Maison de l'éclusier :

. CAQUINEAU Jean 58 ans éclusier, MITTARD Véronique sa femme 46 ans.
Françoise 12 ans, Auguste 9 ans, ses enfants.
  • La famille CAQUINEAU est installée depuis quelques semaines dans la maison de l'éclusier suite à la prise du poste par Jean. Le couple y restera quelques années avant d'avoir le poste d'éclusier à Damvix, là où la famille vivait auparavant. Jean durant son existence aura changé de nombreuses fois de métier, forgeron au début de sa carrière, après un service militaire de plusieurs années, puis scieur de long, il deviendra garde pêche avant d'être éclusier ...

Nous étions le 28 février 1868, une incursion dans les 26 foyers ancestraux a permis de figer à cette date les situations de vie de mes ancêtres. De la plus jeune, Eglantine ROYER âgée de 2 ans depuis novembre à son arrière grand père, Antoine qui aura 87 ans en avril ...


Et vous, il y a 150 ans, quid de vos ancêtres ?


lundi 19 février 2018

La très (trop) jeune mariée

En ce mois de février, un des généathèmes proposés par Sophie BOUDAREL est de partager les diverses curiosités de nos arbres.

Aujourd'hui, je vais donc vous faire part d'une curiosité en la personne de Marie Madeleine CHAILLOU, la fille de mes ancêtres Antoine (ca 1677-1749) et Marie PILLET (1691-1739), sosas 534-535 et 1038-1039.

jeune fille vendéenne

Tout se passe lors du mariage de Marie avec François MARAIS, le 7 juin 1728 sur la paroisse de Soullans, située dans le Bas-Poitou, aujourd'hui sur le département de la Vendée :



Comme vous pouvez le voir dans le corps de l'acte, rien d'anormal mais une mention marginale nous interpelle : 


"nul (le mariage) la proparlée nayant pas lâge compétans"

Marie n'avait donc pas atteint l'âge nubile, ce que le prêtre appelle simplement l'âge compétent, qui est l'âge exigé par la loi pour qu'un individu puisse contracter mariage (en âge de procréer). Sous l'ancien régime, cet âge était de 12 ans pour les filles et de 14 pour les garçons.

En effet, Marie est née le 8 novembre 1716 sur la paroisse voisine, Challans, et n'a donc lors de cette bénédiction nuptiale que 11 ans et 7 mois (moins 1 jour) !!


Comment se fait-il que le prieur qui célèbre cette union n'a pas vérifié cet état de fait ?
Toujours est-il que le mariage est donc annulé ... mais réhabilité le 25 février suivant lorsque Marie a atteint l'âge nubile de 12 ans et 3 mois ...

Les mariages précoces sont très courant dans la famille :


Dans cette vue partielle de la famille proche de Marie vous pouvez voir que :
  • sa mère s'est unie à 13 ans et demi
  • sa tante maternelle s'est mariée à un mois de ses 14 ans
  • et que sa soeur cadette Anne va se marier vers ses 14 ans (avec le cousin germain de son mari par ailleurs !)

Marie est-elle restée avec chez son époux pendant la période entre l'annulation et la réhabilitation du mariage ou est-elle revenue chez ses parents ? J'ai mon idée ...

Une fois le mariage devenu valide, le couple n'aura son premier enfant que le 16 janvier 1735, une petite Jeanne à Soullans (décédée le 14 août 1742 à Challans), Marie a alors 18 ans.

En janvier 1737, c'est une petite Marie qui voit le jour mais qui meurt le 9 février suivant.

Par la suite, Marie donne la vie plusieurs fois sur la paroisse de Challans :
Marie Magdelaine née le 6 mai 1738
Ursulle Victoire née le 10 septembre 1740
François né le 25 décembre 1743
Claude Louis né le 5 février 1746
Françoise née le 12 mars 1748
Etienne né le 3 mars 1752
Louise née le 28 février 1755
Pierre né le 11 juillet 1756

Voilà donc la curiosité du mariage très, trop précoce de ma collatérale Marie CHAILLOU.


mercredi 14 février 2018

Une idylle dans les années 1920

Nous sommes en fin d’année 1923, Florina DUPOND, jeune vendéenne de 20 ans, accompagnée de sa mère, Eulalie 49 ans, viennent passer les fêtes de Noël avec leur sœur et fille Emilie, 25 ans, et leur beau-frère et gendre Louis CHARRON, 29 ans, tous les deux employés dans une ferme en Charente sur la commune de Criteuil, à plus de 200 kilomètres de leur "pays" natal.

Florina au début des années 1920

Emilie et Louis lors de leur mariage en 1921

Vue générale de Criteuil au début du 20ème siècle

Le couple marié en septembre 1921 en Vendée, a migré, dès le mariage célébré, vers la Charente pour trouver du travail comme beaucoup de familles vendéennes de cette époque. En effet, suite à la crise du phylloxéra (maladie de la vigne), qui débuta à la fin du siècle précédent, de nombreuses terres viticoles sont devenues des terres de culture et la main d’œuvre manque …

Mais revenons-en à Florina … la jeune fille, lors de ce séjour, rencontre un jeune homme de son âge, Henri. Ce dernier vit sur ladite commune et il est sans doute un collègue ou un voisin du jeune couple CHARRON.

Noël est passé, Florina et sa mère rentrent par le train chez elles, rejoindre le père DUPOND resté au "pays" à la Croix Blanche de Notre Dame de Riez. Dès son arrivée, Florina envoie une carte à Henri. Ce dernier lui fait réponse le 7 janvier :

 

"Criteuil le 7 - 1 - 1924
Cher Mademoiselle
je fait réponse à votre cart que jai reçu il y a quelque temps. elle ma fait grand plésir me disen que vous aviai fai un bon voyage. Je serai quonten daller vous voir dans ce beau j pay de vendé je termine ma cart. je vou t ne vois plus grand chose à vous dire recevez mille baiser de celui qui ne vous oblie pas Henri'

Deux jours plus tard, Florina et ses parents reçoivent une carte d’Emilie. Dans cette dernière, Emilie fait allusion au voyage retour de Florina et de leur mère mais aussi et surtout à Henri !


"Criteuil le 9 janvier 1924
chère soeur et parents
je fait repons à votre lettre qui nous a fait plaisir de savoir que votre voyage été bon insi que papa en bonne santé et nous s'autre nous avon arivé chez à 11 heur et demie. Nous avon soupé à Touzac et le jour de premier de l'ans nous avon soupé chez notre ancine patron et nous lui avon vendu la barique de vin 120 f. le prix couran mais de cemoment sa tombe toujours de leau mes lendemand de notre de part sa fait bau temp. Enfin je vous quitte pour dignine (dîner ?) que l'année de 1924 soin une année de bonheur et de chance pour vous et tous la famille. Bonjour bonne santé vos enfants qui vous embrasse de loin Charron Emilie. Chère Florina tu doit avoir reçu des correspondances de Criteuil despuis ton de part."

sur le recto de la carte 
"Souvenire de en Henrie de l'année 1924"

Les semaines et les mois passent … 

Le 18 mai, Henri écrit une carte à Florina depuis Châteauroux dans l’Indre où il vient d’arriver pour faire son service militaire au sein du 90ème Régiment d’Infanterie :


"Chatauroux le 18-5-1924
Ma Cher petite bien émée
Je prend un insten pour vous faire une petite carte et pour vous dire que je sui rentré au régiment voila 6 jours. le métier commensse à rentré mai il et un peu dure mai cest egal il faut le faire. Je marrette en vous envoyen mille baisers votre petit coeur qui ne vous oubli pa.
Chabanne Henri au 90 régiment infenterie 5ème compagnie Chateauroux indre indre"

Le 14 juillet suivant, Henri répond à une lettre de Florina. Cette dernière lui a transmis en même temps une photo d’elle :


"Chateauroux le 14-7-1924
Cher pitite adorer
Je fait réponse à votre lettre qui ma fait grand plésir ainssi que votre photo vous me dit que vous nette pa bien dessu mais je vous trouve très bien avec votre petite quoife ime semble de vous voir comme a villet (habillée) laba chez votre frere soeur
je vous quitte en vous envoyen un doux baiser un peu de loin
Chabanne Henri"



12 jours plus tard, le 26 juillet, Henri répond à une autre lettre de Florina :


"Chateauroux 26-7-1924
Cher petite Amie
je fait réponse à votre lettre que jai reçue dernièrement qui ma fait grand plésir de vous savoir toujours en bonne santé bour pour moi la santé est toujours bonne on se la coule toujours douce et et la classe savence tous les jours mai elle n'ai pas rendu encore dans dix mois on leurs dira aurevoir et merci en a tenden je vous evoi un doux baiser
Chabanne Henri"

Ensuite plus rien …
ou presque : dans une carte envoyée depuis Nantes le 29 septembre d’une personne inconnue, il est question de cette idylle :

 

"Nantes 29 septembre 1924
Ma chère Florina. J'acuse réception à ta charmante corespondance que tu as bien voulu m'envoyé elle m'a rejoint en bonne santé et j'espère que la mienne va te trouver la même chose. Je vois que tu te fais encore des idées fausses mais ma petite amie tâche de surmonter tous cela et place toute ta confiance tu verras que j'en rigolerai pas, ca va bien d'en rire qu'and l'on a 14 ou 15 mais qu'and on a vingt ans et qu'on est militaire cela donne bien des choses à comprendre on s'avance plus loin dans la vie tu s'est bien qu'il faut commencer on ne s'est jamais ce que l'avenir nous réserve et je serais heureux de reçevoir de tes nouvelles de temps-..."
(... vraisemblablement la carte a une suite sur du papier libre ...)

Que s'est il passé durant l'été ? Toujours est-il que l'histoire amoureuse entre Florina et Henri est terminée ...

Florina est ma grand tante, elle décédera célibataire de nombreuses années plus tard … Je lui avais déjà consacré un billet : F comme FLORINA.

Quant à Henri CHABANNE, je n’ai pour l’instant pas retrouvé sa trace. Je sais juste qu’il n’a pas été un conscrit de Charente des classes 1922-1923 (un homonyme de la classe 1922 existe) … affaire à suivre …

Vous avez pu remarquer que l'orthographe des personnes ci dessus est assez phonétique, et j'ai volontairement retranscrit tel quel.
En effet la fratrie DUPOND n'est pas allé très longtemps à l'école, juste le temps d'apprendre les rudiments de l'écriture, lecture et calcul. Après il fallait travailler donc les enfants de la fratrie furent placés très tôt comme domestique de ferme, ou servante comme l'on disait pour les jeunes filles.
Ma grand mère Léonide, soeur d'Emilie et Florina fut placée dès ses 10 ans, elle n'en gardait malheureusement pas un très bon souvenir ...
Henri quant à lui devait être dans la même situation.